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Pourquoi les mangroves sont-elles des écosystèmes essentiels dans la lutte contre le réchauffement climatique?

Dernière mise à jour : 15 juil. 2024



Les projets de restauration des zones humides, également appelés projets de carbone bleu, se situent à l'intersection entre terre et mer, intégrant des facteurs complexes et interdépendants pour fonctionner efficacement. Ces projets se concentrent sur la restauration des herbiers marins, des mangroves, des marais côtiers et des tourbières. Cet article met en lumière le concept des mangroves et les facteurs clés à considérer pour gérer un projet de conservation ou de restauration de mangroves. 


QUE SONT LES MANGROVES ?


Les mangroves sont des écosystèmes côtiers uniques caractérisés par des arbres, les palétuviers, et des arbustes tolérants au sel, qui prospèrent dans les zones intertidales tropicales et subtropicales près de l'équateur (zone de l'estran subissant les marées située entre 30 degrés de latitude nord et 30 degrés de latitude sud), où le climat favorise la croissance des mangroves avec une température moyenne de l'eau de 20 degrés Celsius. Ces environnements sont généralement situés le long des littoraux, des estuaires et des deltas de fleuves, et constituent une zone tampon essentielle entre les océans et les continents. Selon le Global Mangrove Watch, il existerait 64 espèces de mangroves dans le monde.


Les mangroves ne se résument pas uniquement à la biomasse dont elles sont composées. Elles représentent en effet un écosystème complet composé d'arbres, comprenant leurs racines (mangroves), leur végétation, leur sol organique caractéristique et leur biodiversité. Les mangroves abritent une biodiversité unique et foisonnante, avec plus de 450 espèces de vertébrés vivant dans ces écosystèmes et encore plus d'espèces d'invertébrés qui en dépendent.


Ces zones sont influencées par le va et vient des marées, avec un sol souvent saturé ou submergé. Les mangroves n'ont pas besoin d'eau salée pour croître ; bien au contraire, elles font partie des espèces végétales dont le métabolisme combat activement le sel (en filtrant l'eau par leurs racines).


De plus, les mangroves ont des capacités de migration extraordinaires, la mer transportant leurs graines (les propagules) vers d'autres estuaire, jusqu'à atteindre parfois 200 km de distance, permettant des capacités de colonisation uniques. De par leur viviparité, c'est-à-dire leur capacité de reproduction par la germination se produisant alors qu'elles sont encore dans le fruit accroché à la plante-mère, chaque propagule peut coloniser massivement de nouvelles zones en quelques mois seulement, les hauteurs de la canopée pouvant atteindre 2 à 3 mètres en un an.




Les mangroves couvrent une superficie d'environ 14,7 millions d'hectares (147 000 km²) dans le monde entier et pourraient entièrement disparaître d'ici la fin du XXIe siècle en raison de l'aquaculture (élevage de crevettes), de l'agriculture (déforestation), de la submersion et des incendies, si aucune action de conservation n'est entreprise. L'Asie du Sud-Est abrite près d'un tiers des populations de mangroves dans le monde (principalement en Indonésie), mais c'est également dans cette région que les plus grandes pertes ont été enregistrées en raison de l'aquaculture intensive.


Leur disparition pourrait entrainer des dommages irréversibles pour notre planète et pour les populations locales qui en dépendent:


  • l'extinction massive des espèces vivant dans ces écosystèmes, ainsi que la perturbation des cycles de reproduction de nombreuses espèces de poissons.

  • l'exposition des populations locales aux catastrophes naturelles (tsunamis, ouragans).

  • l'augmentation de l'érosion des habitats côtiers conduisant au déplacement forcé des populations.

  • des milliers de pêcheurs artisanaux qui dépendent des mangroves pourraient perdre leur emploi.

  • la perte d'une source d'énergie (bois) et de nourriture pour les populations locales.

  • La libération de polluants lourds dans la mer - les mangroves agissent comme un filtre et une zone tampon avec des connexions hydrologiques.

  • Et bien évidemment, la perte de l'un des puits de carbone les plus efficaces de notre planète, ce qui accélérerait considérablement le réchauffement climatique.


LES MANGROVES CONSTITUENT UN PUITS DE CARBONE NATUREL EXCEPTIONNEL


Dans le domaine de la décarbonation, les mangroves font partie des technologies dites du "carbone bleu", le carbone étant stocké dans l'hydrosphère ou dans les sols sous l'influence de la mer.


Les écosystèmes côtiers ne couvrent que 2 % de la surface des océans mais représentent 50% de l'absorption du carbone par ces derniers. On estime que la lithosphère (océans, mers, rivières, lacs, etc.) représente 83% du cycle naturel du carbone.


Les mangroves stockent le carbone de deux façons : (i) le carbone est stocké dans leur biomasse (mangroves et végétation de la zone) et (ii) le carbone est stocké dans le sol (SOC - Soil Organic Carbon).


Les mangroves ont une capacité d'absorption de CO2 élevée, avec une moyenne de 44 tonnes de CO2 par hectare absorbées annuellement, avec un supplément de 7 tonnes séquestrées dans le sol. Elles ont une capacité d'absorption par leurs feuilles de 12 μmol CO₂/m²/s contre 0,6 μmol CO₂/m²/s pour la respiration, ce qui représente un ratio photosynthétique impressionnant. Une étude des mangroves dans le monde (menée par les Nations Unies) a estimé que le bénéfice net d'absorption de CO2 des mangroves est quatre fois plus élevé que celui des forêts tropicales.


Cependant, le plus grand stock de carbone se trouve dans le sol, les micro-organismes décomposant une grande quantité de matière organique issue de la biomasse morte, ainsi que des dépôts liés à l'influence de la mer (sédiments ou autres matières organiques).

Une expérience menée en Nouvelle-Calédonie a démontré que les mangroves dans un environnement avec plus de dioxyde de carbone dans l'atmosphère augmentent leur capacité d'absorption, faisant des mangroves une solution naturelle idéale et résiliente pour la décarbonation.


Le carbone stocké dans les sols des mangroves peut rester séquestré pendant des périodes remarquablement longues en raison des conditions anoxiques qui ralentissent les taux de décomposition. Des études ont montré que le carbone dans les sols des mangroves peut être stocké pendant plusieurs centaines d'années, et dans certains cas, des milliers d'années.



UN ECOSYSTEME FRAGILE


Pour prospérer, une mangrove doit trouver un équilibre entre plusieurs facteurs influents: 


  • Influence des marées : définie comme l'influence des marées oxygénant les eaux des mangroves et apportant des couches de sédiments. Une salinité excessive peut entraîner l'eutrophisation des mangroves et des conditions sulfureuses qui sont inadaptées à la croissance des mangroves et peuvent tuer l'arbre.


  • Érosion : principalement liée à l'influence des marées, l'érosion conduit à l'affaissement des terres, transformant les zones humides en zones d'eau libre.


  • Migration des zones humides : la migration des zones humides peut être horizontale (le long des côtes) ou verticale (vers l'intérieur des terres).


  • Nature du sol : l'activité naturelle des sols organiques peut entraîner un affaissement si elle n'est pas suffisamment enrichie en matière organique, c'est-à-dire la décomposition complète du sol organique jusqu'à ce qu'il devienne principalement minéral. Le sol organique est essentiel pour l'équilibre du système des mangroves.


  • Hausse du niveau de la mer : les zones de mangrove, étant directement ou indirectement connectées à la mer, sont susceptibles d'être partiellement ou complètement submergées en raison de l'élévation du niveau de la mer combinée aux fluctuations des marées. Submergés sous l'eau, les arbres de mangrove ne peuvent pas s'engager dans la photosynthèse et se détériorent.


  • Oxygénation : une eau stagnante ou un sol saturé en eau peuvent entraîner des conditions d'anaérobie, empêchant l'oxydation naturelle de la matière organique et entraînant la nitrification ou la dénitrification (émission de méthane et d'oxyde nitreux, gaz à effet de serre plus nocif que le dioxyde de carbone).


  • Diversité des espèces : un écosystème de mangrove composé de plusieurs espèces de palétuviers, souvent endémiques, présente une plus grande résilience. Cette biodiversité renforce la capacité de l'écosystème à résister et à se rétablir face aux contraintes environnementales telles que les tempêtes, l'élévation du niveau de la mer et la pollution. De plus, une forêt de mangroves diversifiée offre une gamme plus large d'habitats pour différentes espèces marines et terrestres, contribuant à la santé et à la stabilité écologique globales.


LES INFLUENCES ANTHROPIQUES


Les conséquences directes de l'activité humaine sont responsables de plus de 60% des destructions de mangroves.


  • l'aquaculture : l'expansion de l'aquaculture, en particulier l'élevage de crevettes, empiète sur les habitats des mangroves, entraînant la destruction des mangroves et une perte considérable de la biodiversité.


  • l'agriculture : la conversion des zones de mangrove en terres agricoles entraîne la déforestation et la perte des mangroves, perturbant l'équilibre délicat de ces écosystèmes.


  • les incendies : les incendies d'origine humaine, qu'ils soient intentionnels ou accidentels, peuvent ravager les forêts de mangroves, entraînant la perte de biomasse et des dommages aux sols par la combustion du méthane. Ces incendies détruisent la végétation, impactent la biodiversité et affaiblissent la résilience de l'écosystème.

  • l'exploitation du bois : la surexploitation du bois issu des mangroves comme combustible, pour la construction ou à d'autres fins épuise la forêt et diminue sa capacité à fournir des services écologiques essentiels tels que la protection côtière et la séquestration du carbone.

  • Le transport maritime : les activités liées au transport maritime, y compris la création de voies navigables et le mouvement des navires, ont un impact significatif sur les mangroves. Les vagues générées par les navires provoquent l'érosion, et le dragage pour la création de voies navigables entraîne la destruction des habitats et altèrent la circulation de l'eau.


  • La température de l'eau : le changement climatique et les activités industrielles conduisent à l'élévation des températures de l'eau, mettant les écosystèmes de mangrove sous stress. Les températures plus élevées affectent la croissance et la survie des espèces de mangrove, perturbent les cycles de reproduction de la vie marine et augmentent la vulnérabilité des mangroves face aux maladies et aux parasites.


Sur les 1 100 000 hectares (ha) de mangroves perdus depuis 1996, environ 818 300 ha sont considérés comme "restaurables".


LA METHODOLOGIE APOLOWNIA


Chez Apolownia, nous sommes un partenaire qualifié dédié aux projets de carbone bleu. Nous avons développé une expertise unique avec une méthodologie basée sur les dernières publications scientifiques concernant les zones humides et la méthodologie VCM-0033 de VERRA, afin de nous aligner étroitement avec la réalité des mangroves, leur évolution et le contexte réglementaire.


Notre méthodologie repose sur une base technologique combinant des approches scientifiques (mesures sur le terrain et analyses en laboratoire), spatiales (télédétection) et opérationnelles (mise en œuvre des actions de projet de restauration). Cette approche nous permet d'internaliser pleinement un projet de mangrove, en éliminant les intermédiaires et en assurant une transparence maximale et l'intégrité des crédits carbone pour nos clients. 



À PROPOS D'APOLOWNIA


Apolownia est une entreprise à mission engagée dans la lutte contre le changement climatique.


Nous soutenons les entreprises et les fonds désireux de s'engager dans des stratégies de décarbonation à long terme et impactantes - au sein et au-delà de leur chaîne de valeur - en concevant, en mettant en œuvre et en assurant le suivi de projets de contribution climatique basés sur la science et dont l'objectif est de restaurer les écosystèmes naturels.


À travers la technologie et des solutions innovantes, nous visons à façonner un monde résilient et respectueux de l'environnement, en encourageant la décarbonation de l'économie et en soutenant des initiatives sociales et environnementales.


Vous pouvez être moteur d'un changement positif pour le climat, la biodiversité et les communautés locales.


Contactez-nous pour vous engager ou pour plus d'informations. Retrouvez-nous sur www.apolownia.com.



Sources:


  • Mangrove – une forêt dans la mer – CNRS 

  • Global Mangrove Watch data 

  • VERRA – VCM0033 

  • The World’s Mangroves 2000-2020, Food and Agriculture Organization of the United Nations (2023) 

  • Best practice guidelines for mangrove restoration, GMA, 2023. 

  • Leal and Spalding, eds., 2022 

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