Comment sécuriser votre projet carbone fondé sur la nature et votre retour sur investissement ?
- Raphael Der Agopian
- 17 juil.
- 6 min de lecture
Le projet de restauration des milieux naturels à Lismore, en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), est un bel exemple de résilience écologique. L’objectif était de redonner vie à des zones de végétation indigène dégradées en milieu urbain et périurbain. Mais au fil des ans, le projet a été confronté à de lourds revers : prolifération d’espèces envahissantes, incendies dévastateurs… Les écosystèmes natifs se sont retrouvés au bord de l’effondrement.
Un tel enchaînement aurait pu mettre fin au projet. Pourtant, il a su renaître de ses cendres. Grâce à des actions coordonnées de lutte contre les espèces invasives, de replantation, de prévention des incendies et surtout à une forte mobilisation de la communauté locale, ces milieux ont été transformés en écosystèmes florissants.
Cette histoire montre à quel point un projet peut dérailler… soudainement et sans prévenir.
Mais il ne s’agit pas seulement d’arbres. Cette expérience souligne les risques structurels auxquels sont exposés les projets fondés sur la nature et pourquoi certains échouent en l’absence de garde-fous : assurances, réserves, marges de sécurité. Pour les investisseurs, les crédits carbone offrent à la fois rentabilité et impact. Mais entre succès et échec, tout peut se jouer sur la capacité à encaisser les imprévus. Car la nature est notre meilleur puits de carbone, mais elle reste vulnérable.
Alors, comment anticiper les aléas et protéger efficacement un projet ?

Chez Apolownia, nous concevons des projets carbone fondés sur la nature capables de résister aux aléas du terrain. Dans cet article, nous expliquons les mécanismes qui sécurisent les investissements, de l’assurance « force majeure » aux réserves communautaires, et pourquoi s’en passer est une erreur.
I. Pourquoi les projets fondés sur la nature ne peuvent pas reposer uniquement sur l’optimisme
Les promesses (et les défis) de l’« or vert »
Les crédits carbone issus de la reforestation ou de la restauration de mangroves sont souvent qualifiés d’« or vert ». Et pour cause : ils permettent de financer des projets à fort impact local. Mais à la différence d’un métal, leur valeur repose sur des écosystèmes vivants, donc fragiles. Tempêtes, crises politiques, tensions sociales… les risques sont bien réels.
Le problème ? On a tendance à se focaliser sur les volumes de crédits projetés, sans toujours se poser les bonnes questions :
Que se passe-t-il si un cyclone détruit 20 % des zones replantées ?
Que faire si un changement réglementaire remet en cause les autorisations du projet ?
Comment livrer les crédits si la croissance des arbres est inférieure aux prévisions ?
Un filet de sécurité en quatre piliers
Chez Apolownia, nous avons mis en place un système de protection en quatre niveaux :
Assurances : transfert du risque à des tiers.
Buffers carbone : crédits non commercialisables mis en réserve pour compenser les pertes irréversibles.
Réserves financières : pour absorber les chocs opérationnels.
Provisions budgétaires : ligne spécifique pour les imprévus majeurs.
Sans ces mécanismes, même les projets les plus prometteurs peuvent s’effondrer face à l’imprévu.
II. L'assurance : un bouclier invisible mais essentiel
Assurer les investissements initiaux (CAPEX)
L’investissement dans un projet fondé sur la nature couvre des coûts initiaux : plantations, infrastructures, autorisations. Mais que se passe-t-il si :
Les permis sont révoqués en raison d’une instabilité politique ? (Assurance « Représentations & Garanties »)
Un tsunami détruit la pépinière ? (Assurance « Force Majeure »)
Comment ça fonctionne :
Représentations & Garanties : couvre les défaillances contractuelles (ex. : droits fonciers invalides).
Force Majeure : indemnise les pertes dues à des catastrophes naturelles ou à des crises politiques.
Dans nos projets, le CAPEX est assuré, permettant aux investisseurs de :
Réinvestir si le projet peut être relancé,
Ou récupérer leurs fonds s’il doit être abandonné.
Assurer les revenus futurs
Quelques années après les plantations, les projets génèrent des crédits carbone. Encore faut-il que les arbres poussent comme prévu. L’assurance des flux de trésorerie couvre :
La sous-performance (croissance plus lente, crédits réduits),
Et la non-livraison (incapacité à honorer un contrat de vente).
Deux modèles d’indemnisation :
Financier : remboursement à hauteur du prix contractuel ou du prix de marché.
En nature : remplacement des crédits manquants par des crédits équivalents.
Plus la créance d’un investisseur est prioritaire (ex. : acheteurs prépayés), plus cette assurance devient cruciale.
III. Buffers, réserves et provisions : les fonds d’urgence du projet
Buffers carbone : l’exemple de Verra
Selon la méthodologie VM0033 de Verra pour les zones humides, 12 % des crédits générés doivent être mis en réserve dans un buffer pool, pour couvrir les pertes dues à :
Incendies,
Maladies,
Déforestation illégale.
Important : ce buffer ne couvre pas les pertes liées à une croissance inférieure aux prévisions.
Ce mécanisme joue un rôle d’assurance collective : en mutualisant les risques, il garantit l’intégrité du marché. Sans lui, les acheteurs s’exposent à un risque de non-livraison.
Provisions opérationnelles : se préparer à l’imprévu
Dans tout projet de restauration, il est essentiel de prévoir une provision budgétaire. Celle-ci permet de :
Replanter en cas d’échec de pépinière ou de sol inadapté,
Gérer des coûts imprévus (logistique, pertes de matériel) non couverts par les assurances.
Ce filet de sécurité permet au projet de poursuivre ses activités sans retard ni baisse de qualité.
Réserve communautaire : anticiper les tensions sociales
Les risques sociaux (désaccords communautaires, retards administratifs) peuvent freiner un projet. Une réserve dédiée permet de :
Gérer les retards liés aux conflits locaux ou à l’obtention des autorisations,
Absorber les hausses de coûts (salaires, recrutement local).
Sans cette réserve, les projets peuvent être contraints de faire des compromis dangereux : retards, baisse de la qualité de restauration, perte de confiance des communautés.
IV. Priorité des paiements ?
Les projets carbone fondés sur la nature attirent deux profils d’investisseurs :
Les investisseurs en capital, qui misent sur le succès à long terme en assumant plus de risque.
Les acheteurs de crédits prépayés, qui sécurisent des volumes de crédits à l’avance, avec un risque plus faible et des rendements plus prévisibles.
Quand un projet subit un revers (sécheresse, inondation, incendie…), il faut décider comment répartir les crédits restants.
Modèles possibles :
Répartition au prorata : équitable en théorie, mais risque élevé pour les prépayés qui peuvent ne pas recevoir la quantité prévue.
Priorité aux prépayés avec assurance : les volumes leur sont garantis, à condition qu’ils aient souscrit une assurance adaptée.
L’assurance joue ici un rôle clé pour réduire les tensions, éviter les litiges, et garantir que personne ne supporte seul les pertes.
Conclusion: investir dans la résilience, pas seulement dans la reforestation
Un bon projet carbone, ce n’est pas seulement planter des arbres. C’est concevoir un système résilient, capable de résister aux chocs.
La différence entre un projet qui tient dans la durée et un projet qui échoue ? Ce n’est pas la chance. C’est l’anticipation : assurance, réserves, structuration financière rigoureuse.
À retenir pour les investisseurs :
Exigez une assurance CAPEX et revenus : sans elle, un événement extrême peut tout faire perdre.
Vérifiez l’existence de buffers et réserves, en crédits et en liquidités.
Comprenez les règles de répartition des crédits en cas de déficit : mieux vaut ne pas être le dernier servi.
Chez Apolownia, nous concevons des projets non seulement pour l’impact, mais pour la durabilité. Car dans la course vers le net zéro, les leaders ne seront pas ceux qui vont le plus vite… mais ceux qui protègent leur impact, et le capital de leurs investisseurs, dans le temps.
Annexe : Cartographie complète des risques
Catégorie de risque | Sous-type / Exemple | Impact sur le projet | Couverture assurantielle associée |
Risques politiques & institutionnels | Retrait d’autorisation, non-délivrance de la LoA 6.2, revirement réglementaire | Interruption du projet (CAPEX) | Assurance CAPEX / flux de trésorerie, Représentations & Garanties |
Aléas naturels extrêmes (force majeure) | Inondation, tempête, tsunami, incendie | Perte partielle ou totale des plantations (CAPEX) | Assurance CAPEX / flux de trésorerie, Assurance force majeure |
Risques biologiques (performance) | Croissance hétérogène, faible taux de survie des plants locaux | Sous-performance (flux de trésorerie) | Assurance sur les flux de trésorerie, Garantie de sous-performance |
Risques de marché / demande carbone | Baisse de la demande, évolution des critères d’achat | Baisse de valorisation, non-livraison | Non assurable, risque supporté par l’investisseur |
Risques sociaux & communautaires | Conflits fonciers, rejet local, refus de collaboration | Retard ou blocage partiel du projet | Réserve optionnelle dédiée aux risques sociaux |
A PROPOS D'APOLOWNIA
Apolownia est une entreprise à mission engagée dans la lutte contre le changement climatique.
Nous soutenons les entreprises et les fonds désireux de s'engager dans des stratégies de décarbonation à long terme et impactantes - au sein et au-delà de leur chaîne de valeur - en concevant, en mettant en œuvre et en assurant le suivi de projets de contribution climatique basés sur la science et dont l'objectif est de restaurer les écosystèmes naturels.
À travers la technologie et des solutions innovantes, nous visons à façonner un monde résilient et respectueux de l'environnement, en encourageant la décarbonation de l'économie et en soutenant des initiatives sociales et environnementales.
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